PETIT-PIERRE
La Grise était jeune, belle et vigoureuse. Elle portait sans effort son double fardeau, couchant les oreilles et rongeant son frein, comme une fière et ardente jument qu'elle était. En passant devant le pré-long, elle aperçut sa mère, qui s'appelait la vieille Grise, comme elle la jeune Grise, et elle hennit en signe d'adieu. La vieille Grise approcha de la haie en faisant résonner ses enferges(*), essaya de galoper sur la marge du pré pour suivre sa fille; puis, la voyant prendre le grand trot, elle hennit à son tour, et resta pensive, inquiète, le nez au vent, la bouche pleine d'herbes qu'elle ne songeait plus à manger.
A Grise era jovem, bela e vigorosa. Ela levava sem esforço o seu duplo fardo, baixando as orelhas e roendo o seu freio, como uma orgulhosa e ardente égua que era. Ao passar em frente do longo prado, apercebeu-se da sua mãe, que se chamava velha Grise, como ela a jovem Grise, e relinchou em sinal de adeus. A velha Grise aproximou-se da cerca, fazendo ressoar as suas peias, tentou galopar até à beira do prado para seguir a sua filha; depois, vendo-a tomar o seu grande trote, relinchou por seu turno, e ficou pensativa, inquieta, de nariz ao vento, a boca cheia de ervas que não cuidava mais em comer.
— Cette pauvre bête connaît toujours sa progéniture, dit Germain pour distraire la petite Marie de son chagrin. Ça me fait penser que je n'ai pas embrassé mon Petit-Pierre avant de partir Le mauvais enfant n'était pas là! Il voulait, hier au soir, me faire promettre de l'emmener, et il a pleuré pendant une heure dans son lit. Ce matin, encore, il a tout essayé pour me persuader. Oh! qu'il est adroit et câlin! mais quand il a vu que ça ne se pouvait pas, monsieur s'est fâché: il est parti dans les champs, et je ne l'ai pas revu de la journée.
-Este pobre animal conhece sempre a sua progenitora, disse Germain para distrair a pequena Maria da sua mágoa. Isto faz-me pensar que eu não abracei o meu Pedrito antes de partir. O malvado rapaz não estava lá! Ele queria, ontem à noite, que lhe prometesse trazê-lo, e ele chorou durante uma hora na sua cama. Esta manhã, ele ainda tentou persuadir-me. Oh! Como ele é hábil e meigo! Mas quando ele viu que isto não podia ser, o senhor zangou-se: saiu para o campo, e não o vi durante o dia.
— Moi, je l'ai vu, dit la petite Marie en faisant effort pour rentrer ses larmes. Il courait avec les enfants de Soulas du côté des tailles, et je me suis bien doutée qu'il était hors de la maison depuis longtemps, car il avait faim et mangeait des prunelles et des mûres de buisson. Je lui ai donné le pain de mon goûter, et il m'a dit: "Merci, ma Marie mignonne: quand tu viendras chez nous, je te donnerai de la galette." C'est un enfant trop gentil que vous avez là, Germain!
- Eu, eu o vi, disse a pequena Maria, fazendo esforço para recolher as lágrimas. Ele corria com as crianças de Soulas do lado da mata, e eu supus que ele estava fora de casa há muito tempo, porque ele tinha fome e comia os abrunhos-bravos e as amoras de arbusto. Eu dei-lhe o pão da minha merenda, e ele disse-me: “Obrigado, minha Mariazinha querida: quando tu vieres para a nossa casa, dar-te-ei do meu bolo. “É uma criança muito gentil que vós tendes lá, Germain!”
— Oui, qu'il est gentil, reprit le laboureur, et je ne sais pas ce que je ne ferais pas pour lui! Si sa grand'mère n'avait pas eu plus de raison que moi, je n'aurais pas pu me tenir de l'emmener, quand je le voyais pleurer si fort que son pauvre
— Eh bien! pourquoi ne l'auriez-vous pas emmené, Germain? Il ne vous aurait guère embarrassé; il est si raisonnable quand on fait sa volonté!
- Sim, como ele é gentil, retorquiu o agricultor, e eu não sei o que faria por ele! Se a sua avó não tivesse tido mais razões do que eu, não teria sido capaz de deixar de o trazer, ao vê-lo chorar tão forte que o seu pobre coraçãozinho estava todo inchado.
- Está bem! Porque é que não haveríeis de trazê-lo, Germain? Ele não vos teria embaraçado nada; ele é tão razoável quando se lhe faz a vontade!
— Il paraît qu'il aurait été de trop là où je vais. Du moins c'était l'avis du père Maurice... Moi, pourtant, j'aurais pensé qu'au contraire il fallait voir comment on le recevrait, et qu'un si gentil enfant ne pouvait qu'être pris en bonne amitié... Mais ils disent à la maison qu'il ne faut pas commencer par faire voir les charges du ménage... Je ne sais pas pourquoi je te parle de ça, petite Marie; tu n'y comprends
- Pareceu que ele estaria a mais lá onde eu vou. Ao menos esta era a opinião do pai Maurice… Eu, portanto, teria pensado que, ao contrário, era preciso ver como é que o receberia, e que uma tão gentil criança não podia ser recebida senão amistosamente… Mas dizem lá em casa que é preciso não começar por fazer ver os encargos da vida doméstica… Eu não sei porque é que te falo disto, Mariazinha; tu não compreendes nada disto.
— Si fait(*), Germain; je sais que vous allez vous marier; ma mère me l'a dit, en me recommandant de n'en parler à personne, ni chez vous, ni là où je vais, et vous pouvez être tranquille: je n'en dirai mot.
— Tu feras bien, car ce n'est pas fait; peut-être que je ne conviendrai pas à la femme en question.
— Il faut espérer que si, Germain. Pourquoi donc ne lui conviendrez-vous pas?
- Certamente, Germain, eu sei que vós ides casar-vos, a minha mãe disse-mo, recomendando-me que o não dissesse a ninguém, nem na vossa casa, nem onde eu vou, mas podeis estar tranquilo que não direi uma palavra sobre isso.
-Farás bem, porque isto não está feito; talvez eu não convenha à mulher em questão.
-É preciso esperar que sim, Germain. Então porque é que não lhe conviríeis?
— Qui sait? J'ai trois enfants, et c'est lourd pour une femme qui n'est pas leur mère!
— C'est vrai, mais vos enfants ne sont pas comme d'autres enfants.
— Crois-tu?
- Quem sabe? Tenho três filhos, e é pesado para uma mulher que não é a mãe deles!
- É verdade, mas os seus pequenos não são como as outras crianças.
- Acreditas?
— Ils sont beaux comme des petits anges, et si bien élevés qu'on n'en peut pas voir de plus aimables.
— Il y a Sylvain qui n'est pas trop commode.
— Il est tout petit! il ne peut pas être autrement que terrible, mais il a tant d'esprit!
- São belos como anjinhos, e tão bem educados que não é possível ver crianças mais amáveis.
- Há o Sylvain, que não é muito fácil.
- Ele é muito pequeno! Ele não pode ser senão inquieto, mas ele tem tanto espírito!
— C'est vrai qu'il a de l'esprit et un courage! Il ne craint ni vaches, ni taureaux, et si on le laissait faire, il grimperait déjà sur les chevaux avec son aîné.
— Moi, à votre place, j'aurais amené l'aîné. Bien sûr ça vous aurait fait aimer tout de suite, d'avoir un enfant si beau!
- É verdade que ele tem espírito, e uma coragem! Ele não tem medo nem de vacas, nem de touros; e, se o deixássemos fazer, treparia já sobre os cavalos com o seu irmão mais velho.
- Eu, no seu lugar, teria trazido o mais velho. Com certeza isto faria gostarem de si imediatamente, ter uma criança tão bonita!
— Oui, si la femme aime les enfants; mais si elle ne les aime pas!
— Est-ce qu'il y a des femmes qui n'aiment pas les enfants?
- Pas beaucoup, je pense; mais enfin il y en a, et c'est là ce qui me tourmente.
- Vous ne la connaissez donc pas du tout cette femme?
- Vous ne la connaissez donc pas du tout cette femme?
- Sim, se a mulher gosta de crianças; mas se não gosta delas?
- Há mulheres que não gostam de crianças?
- Não há muitas, penso eu; mas enfim, há-as, e é isso que me atormenta.
- Portanto, não a conheceis absolutamente nada, esta mulher?
— Pas plus que toi, et je crains de ne pas la mieux connaître, après que je l'aurai vue. Je ne suis pas méfiant, moi. Quand on me dit de bonnes paroles, j'y crois: mais j'ai été plus d'une fois à même de m'en repentir, car les paroles ne sont pas des actions.
- Não mais do que tu, e eu receio de não a conhecer melhor, depois de a ter visto. Eu não sou desconfiado. Quando me dizem boas palavras, creio nelas, mas já aconteceu mais de uma vez arrepender-me, porque as palavras não são acções.
— On dit que c'est une fort brave femme.
— Qui dit cela? le père Maurice!
— Oui, votre beau-père.
— C'est fort bien; mais il ne la connaît pas non plus.
- Diz-se que é uma mulher muito corajosa.
- Quem diz isso? O pai Maurice ?
- Sim, o vosso sogro.
- Bem, mas ele não a conhece.
— Eh bien, vous la verrez tantôt, vous ferez grande attention, et il faut espérer que vous ne vous tromperez pas, Germain.
— Tiens, petite Marie, je serais bien aise que tu entres un peu dans la maison, avant de t'en aller tout droit aux Ormeaux: tu es fine, toi, tu as toujours montré de l'esprit, et tu fais attention à tout. Si tu vois quelque chose qui te donne à penser, tu m'en avertiras tout doucement.
- Está bem, vós ireis vê-la em breve, vós estareis bastante atento, e é preciso esperar que não vos enganeis, Germain.
- Olha, Mariazinha, eu estaria muito à vontade se tu entrasses um pouco em casa, antes de te ires embora direita a Ormeaux: tu és fina, tu tens demonstrado sempre espírito, tu chamas a atenção de todos. Se tu vires alguma coisa que te dê que pensar, tu avisar-me-ás com cuidado.
— Oh! non, Germain, je ne ferai pas cela! je craindrais trop de me tromper; et, d'ailleurs, si une parole dite à la légère venait à vous dégoûter de ce mariage, vos parents m'en voudraient, et j'ai bien assez de chagrins comme ça, sans en attirer d'autres sur ma pauvre chère femme de mère.
- Oh, não, Germain, eu não farei isso! Teria muito medo de me enganar; e, além disso, se uma palavra dita levianamente viesse a desinteressar-vos deste casamento, os seus pais detestar-me-iam, e bastam-me as muitas mágoas como esta, não quero atirar outras sobre a pobre mulher que é a minha mãe.
Comme ils devisaient ainsi, la Grise fit un écart en dressant les oreilles, puis revint sur ses pas, et se rapprocha du buisson, où quelque chose qu'elle commençait à reconnaître l'avait d'abord effrayée. Germain jeta un regard sur le buisson, et vit dans le fossé, sous les branches épaisses et encore fraîches d'un têteau de chêne, quelque chose qu'il prit pour un agneau.
Como eles cavaqueavam deste modo, a Grise desviou-se, levantado as orelhas, depois retomou o seu passo e aproximou-se do arbusto, onde qualquer coisa que ela começava a reconhecer tinha-a inicialmente assustado. Germain deu uma olhadela sobre a moita, e rapidamente, sobre a vala, sob os ramos espessos e ainda frescos de um ramo de castanheiro, viu qualquer coisa que tomou como um cordeiro.
— C'est une bête égarée, dit-il, ou morte, car elle ne bouge.
Peut-être que quelqu'un la cherche; il faut voir!
— Ce n'est pas une bête, s'écria la petite Marie: c'est un enfant qui dort; c'est votre Petit-Pierre.
- É um animal assustado, disse ele, ou morto, porque ele não mexe.
- Talvez alguém o procure; é preciso ver.
- Não é um animal, gritou a Mariazinha: é uma criança que dorme; é o seu Pedrito.
— Par exemple! dit Germain en descendant de cheval; voyez ce petit garnement qui dort là, si loin de la maison, et dans un fossé où quelque serpent pourrait bien le trouver!
Il prit dans ses bras l'enfant, qui lui sourit en ouvrant les yeux et jeta ses bras autour de son cou en lui disant: Mon petit père, tu vas m'emmener avec toi!
- Então vamos ver! Disse Germain descendo do cavalo; vejamos este pequeno malandreco que dorme ali, tão longe de casa, e dentro de uma vala, onde qualquer serpente poderia facilmente encontrá-lo.
Ele tomou nos seus braços a criança que lhe sorriu abrindo os olhos e lhe atirou os braços à volta do seu pescoço, dizendo-lhe: Meu paizinho, tu vais levar-me contigo!
— Ah oui! toujours la même chanson! Que faisiez-vous là, mauvais Pierre?
— J'attendais mon petit père à passer, dit l'enfant; je regardais sur le chemin, et à force de regarder, je me suis endormi.
— Et si j'étais passé sans te voir, tu serais resté toute la nuit dehors, et le loup t'aurait mangé!
- Ah sim! Sempre a mesma canção! Que é que vós fazíeis ali, Pedro mau?
- Eu esperava que o meu paizinho passasse, disse a criança; eu observava o caminho, e de tanto olhar deixei-me adormecer.
- E se eu tivesse passado sem te ver, tu terias passado toda a noite fora e o lobo ter-te-ia comido!
— Oh! je savais bien que tu me verrais! répondit Petit-Pierre avec confiance.
— Eh bien, à présent, mon Pierre, embrasse-moi, dis moi adieu, et retourne vite à la maison, si tu ne veux pas qu'on soupe sans toi.
— Tu ne veux donc pas m'emmener? s'écria le petit en commençant à frotter ses yeux pour montrer qu'il avait dessein de pleurer.
- Oh! Eu sabia bem que tu me verias! Respondeu o Pedrinho com confiança.
- Está bem, agora, meu Pedro, abraça-me, diz-me adeus, e volta depressa para casa, se tu não queres que se jante sem ti.
- Tu não queres então levar-me? Gritou o pequeno, começando a esfregar os olhos para mostrar que tinha intenção de chorar.
— Tu sais bien que grand-père et grand'mère ne le veulent pas, dit Germain, se retranchant derrière l'autorité des vieux
- Tu sabes que o avô e a avó não o querem, disse Germain, refugiando-se atrás da autoridade dos velhos pais, como um homem para quem a sua própria não conta nada.
Mais l'enfant n'entendit rien. Il se prit à pleurer tout de bon, disant que puisque son père emmenait la petite Marie, il pouvait bien l'emmener aussi. On lui objecta qu'il fallait passer les grands bois, qu'il y avait là beaucoup de méchantes bêtes qui mangeaient les petits enfants, que la Grise ne voulait pas porter trois personnes, qu'elle l'avait déclaré en partant, et que dans le pays où l'on se rendait, il n'y avait ni lit ni souper pour les marmots. Toutes ces excellentes raisons ne persuadèrent point Petit-Pierre;
Mas a criança não ouviu nada. Ela pôs-se a chorar a bom chorar, dizendo que uma vez que seu pai levava a Mariazinha, podia muito bem levá-lo do mesmo modo. Objectou-se-lhe que era preciso passar os grandes bosques, que lá havia muitos animais maus, que comiam os meninos pequenos, que a Grise não queria levar três pessoas, que ela o tinha declarado ao partir, e que na terra onde se ia, não havia nem cama nem sopa para os garotos. Todas estas excelentes razões não persuadiram nada o Pedrinho;
il se jeta sur l'herbe, et s'y roula, en criant que son petit père ne l'aimait plus, et que s'il ne l'emmenait pas, il ne rentrerait point du jour ni de la nuit à la maison.
ele atirou-se sobre a erva e rebolou-se lá gritando que o seu paizinho não o amava mais, e que, se ele não o levasse, não regressaria a casa nem de dia nem de noite.
Germain avait un cœur de père aussi tendre et aussi faible que celui d'une femme. La mort de la sienne, les soins qu'il avait été forcé de rendre seul à ses petits, aussi la pensée que ces pauvres enfants sans mère avaient besoin d'être beaucoup aimés, avaient contribué à le rendre ainsi, et il se fit en lui un si rude combat, d'autant plus qu'il rougissait de sa faiblesse et s'efforçait de cacher son malaise à la petite Marie, que la sueur lui en vint au front et que ses yeux se bordèrent de rouge, prêts à pleurer aussi.
Germain tinha um coração de pai tão terno e tão fraco como o de uma mulher. A morte da sua, os cuidados que ele tinha sido forçado a dar aos seus pequenos, também a lembrança de que estas pobres crianças sem mãe tinham necessidade de ser muito amadas, contribuiu para se render assim, e ele travou nele um tão rude combate, quanto mais que ele corava da sua fraqueza e se esforçava por esconder a sua perturbação da Mariazinha, mais o suor lhe vinha à testa e os olhos se avermelhavam prestes a chorar também.
Enfin il essaya de se mettre en colère; mais en se retournant vers la petite Marie, comme pour la prendre à témoin de sa fermeté d'âme, il vit que le visage de cette bonne fille était baigné de larmes, et tout son courage l'abandonnant, il lui fut impossible de retenir les siennes, bien qu'il grondât et menaçât encore.
Por fim, ele tentou encolerizar-se, mas voltando-se para a Mariazinha, como para a tomar como testemunha da sua firmeza de alma, viu que a cara desta boa rapariga estava banhada de lágrimas, e toda a coragem o abandonou, foi-lhe impossível reter as suas, se bem que ele ralhasse e ameaçasse ainda.
— Vrai, vous avez le cœur trop dur, lui dit enfin la petite Marie, et, pour ma part, je ne pourrais jamais résister comme cela à un enfant qui a un si gros chagrin. Voyons, Germain, emmenez-le. Votre jument est bien habituée à porter deux personnes et un enfant, à preuve que votre beau-frère et sa femme, qui est plus lourde que moi de beaucoup, vont au marché le samedi avec leur garçon, sur le dos de cette bonne bête.
Vous le mettrez à cheval devant vous, et d'ailleurs j'aime mieux m'en aller toute seule à pied que de faire de la peine à ce petit.
- Verdadeiramente, tendes o coração muito duro, disse-lhe a Mariazinha, e, pela minha parte, eu não poderia resistir mais assim a uma criança que tem tanta mágoa. Vejamos, Germain, leve-o. A vossa égua está muito habituada a levar duas pessoas e uma criança, como prova o seu sogro e a mulher dele, que é muito mais pesada do que eu, vão ao mercado, ao sábado, com o seu rapaz, sobre o dorso deste bom animal.
Ponha-o a cavalo à frente, e além disso eu gosto mais de ir só a pé, do que fazer sofrer este pequeno.
— Qu'à cela ne tienne, répondit Germain, qui mourait d'envie de se laisser convaincre. La Grise est forte et en porterait deux de plus, s'il y avait place sur son échine. Mais que ferons-nous de cet enfant en route? il aura froid, il aura faim... et qui prendra soin de lui ce soir et demain pour le coucher, le laver et le rhabiller? Je n'ose pas donner cet ennui-là à une femme que je ne connais pas, et qui trouvera, sans doute, que je suis bien sans façons avec elle pour commencer.
- Pouco importa, respondeu Germain, que ele morresse de inveja para deixar-se convencer. A Grise é forte e levaria dois a mais, se houvesse lugar sobre o seu lombo. Mas o que faremos nós deste rapaz no caminho? Ele terá frio, terá fome… e quem tomará conta dele esta noite e amanhã para deitá-lo, lavá-lo e tornar a vesti-lo? Não ouso dar esta maçada à mulher que não conheço, e que achará, sem dúvida, que eu não tenho maneiras nenhumas para com ela logo ao começar.
— D'après l'amitié ou l'ennui qu'elle montrera, vous la connaîtrez tout de suite, Germain, croyez-moi; et d'ailleurs, si elle rebute votre Pierre, moi je m'en charge. J'irai chez elle l'habiller et je l'emmènerai aux champs demain. Je l'amuserai toute la journée et j'aurai soin qu'il ne manque de rien.
- Conforme a amizade ou a maçada que ela mostrar, assim conhecê-la-eis mais rapidamente, Germain, creia-me; e, além disso, se ela rejeitar o seu Pedrinho, eu encarrego-me dele. Eu irei à casa dela vesti-lo e levá-lo ao campo amanhã. Entretê-lo-ei todo o dia e terei cuidado para que não lhe falte nada.
— Et il t'ennuiera, ma pauvre fille! Il te gênera! toute une journée, c'est long!
— Ça me fera plaisir, au contraire, ça me tiendra compagnie, et ça me rendra moins triste le premier jour que j'aurai à passer dans un nouveau pays. Je me figurerai que je suis encore chez nous.
- E ele aborrecer-te-á, pobre rapariga! Ele embaraçar-te-á! Todo um dia, é muito tempo!
- Isto dar-me-á prazer, ao contrário, far-me-á companhia e tornar-me-á menos triste no primeiro dia que terei de passar numa nova terra. Farei de conta que estou ainda na nossa casa.
L'enfant, voyant que la petite Marie prenait son parti, s'était cramponné à sa jupe et la tenait si fort qu'il eût fallu lui faire du mal pour l'en arracher. Quand il reconnut que son père cédait, il prit la main de Marie dans ses deux petites mains brunies par le soleil, et l'embrassa en sautant de joie et en la tirant vers la jument, avec cette impatience ardente que les enfants portent dans leurs désirs.
A criança, vendo que a Mariazinha tomava o seu partido, agarrou-se à sua saia com tanta força que só faltou fazer-lhe mal para o afastar. Quando percebeu que o seu pai cedia, ele agarrou a mão da Maria nas suas duas mãozinhas queimadas do sol, e abraçou-a saltando de alegria, puxando-a na direcção da égua, com aquela impaciência ardente que as crianças trazem nos seus desejos.
— Allons, allons, dit la jeune fille, en le soulevant dans ses bras, tâchons d'apaiser ce pauvre cœur qui saute comme un petit oiseau, et si tu sens le froid quand la nuit viendra, dis-le-moi, mon Pierre, je te serrerai dans ma cape. Embrasse ton petit père, et demande-lui pardon d'avoir fait le méchant.
- Vamos, vamos, disse a jovem rapariga, levantando-o nos braços, trataremos de apaziguar este pobre coração que salta como um passarinho, e se tu sentires frio quando a noite vier, diz-me, meu Pedro, resguardar-te-ei na minha capa. Abraça o teu paizinho, e pede-lhe perdão por teres sido mau.
Diz que isto não te acontecerá mais, nunca mais! Nunca mais, ouviste?
— Oui, oui, à condition que je ferai toujours sa volonté, n'est-ce pas? dit Germain en essuyant les yeux du petit avec son mouchoir: ah! Marie, vous me le gâtez, ce drôle-là!... Et vraiment, tu es une trop bonne fille, petite Marie. Je ne sais pas pourquoi tu n'es pas entrée bergère chez nous à la Saint-Jean dernière. Tu aurais pris soin de mes enfants, et j'aurais mieux aimé te payer un bon prix pour les servir, que d'aller chercher une femme qui croira peut-être me faire beaucoup de grâce en ne les détestant pas.
- Sim, sim, com a condição de lhe fazer sempre a sua vontade, não é? Disse Germain, enxugando os olhos do pequeno com o seu lenço: ah! Marie, vós estragais-me este fedelho com mimos!... E verdadeiramente, tu és muito boa rapariga, Mariazinha. Não sei porque é que não entraste como pastora na nossa casa durante o último S. João. Tu terias tomado conta das minhas crianças, e eu teria gostado mais de pagar-te um bom preço para os servir, do que ir procurar uma mulher que talvez me faça acreditar que me encanta em não detestá-los.
— Il ne faut pas voir comme ça les choses par le mauvais côté, répondit la petite Marie, en tenant la bride du cheval pendant que Germain plaçait son fils sur le devant du large bât garni de peau de chèvre: si votre femme n'aime pas les enfants, vous me prendrez à votre service l'an prochain, et, soyez tranquille, je les amuserai si bien qu'ils ne s'apercevront de rien.
- Não é preciso ver as coisas assim pelo lado mau, respondeu a Mariazinha, segurando a rédea do cavalo, enquanto Germain colocava o seu filho sobre a larga albarda, guarnecida de pele de cabra: se a vossa mulher não gosta de crianças, vós tomais-me ao vosso serviço no próximo ano, e esteja tranquilo, eu entretê-los-ei tão bem que eles não se aperceberão de nada.
(*)Enferges : entraves qui se fixent aux pattes des chevaux ou des boeufs.
(*)Si fait ! (françês antigo) : sim, pois, certamente.
Sem comentários:
Enviar um comentário