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sexta-feira, 5 de agosto de 2011

Cap V - La Guillette

LA GUILLETTE
  
Le père Maurice trouva chez lui une vieille voisine qui était venue causer avec sa femme tout en cherchant de la braise pour allumer son feu. La mère Guillette habitait une chaumière fort pauvre à deux portées de fusil de la ferme. Mais c'était une femme d'ordre et de volonté. Sa pauvre maison était propre et bien tenue, et ses vêtements rapiécés avec soin annonçaient le respect de soi-même au milieu de la détresse.

A GUILLETTE

O pai Maurício encontrou na casa dele uma velha vizinha que tinha vindo conversar com a sua mulher, à procura de brasas para acender o seu fogo. A mãe Guillette habitava uma choupana muito pobre, a uma distância de dois tiros de espingarda da quinta. Mas era uma mulher ordeira e voluntariosa. A sua pobre casa estava limpa e bem mantida, e a sua vestimenta, remendada com cuidado, anunciava o respeito por si mesma no meio do infortúnio.

— Vous êtes venue chercher le feu du soir, mère Guillette, lui dit le vieillard. Voulez-vous quelque autre chose?
 — Non, père Maurice, répondit-elle; rien pour le moment. Je ne suis pas quémandeuse, vous le savez, et je n'abuse pas de la bonté de mes amis.
 — C'est la vérité; aussi vos amis sont toujours prêts à vous rendre service.

- Vós vindes procurar brasas para acender o lume, mãe Guillette, disse-lhe o velho. Quereis alguma outra coisa?
- Não pai Maurício, respondeu-lhe ela; nada de momento. Não sou pedinchona, vós o sabeis, e não abuso da bondade dos meus amigos.
-É verdade, também os vossos amigos estão sempre prontos para prestar-vos serviço.

— J'étais en train de causer avec votre femme, et je lui demandais si Germain se décidait enfin à se remarier.
 — Vous n'êtes point une bavarde, répondit le père Maurice, on peut parler devant vous sans craindre les propos: ainsi je dirai à ma femme et à vous que Germain est tout à fait décidé; il part demain pour le domaine de Fourche.

-Eu estava a conversar com a vossa mulher, e perguntava-lhe se Germano decidia-se finalmente a tornar a casar-se.
-Vós não sois nenhuma tagarela, respondeu-lhe o pai Maurício, pode-se falar em frente de vós sem temer os propósitos: assim, direi à minha mulher e a vós que Germano está completamente decidido; ele parte amanhã para a freguesia de Fourche.

— A la bonne heure! s'écria la mère Maurice; ce pauvre enfant! Dieu veuille qu'il trouve une femme aussi bonne et aussi brave que lui!

— Ah! il va à Fourche? observa la Guillette. Voyez comme ça se trouve! cela m'arrange beaucoup, et puisque vous me demandiez tout à l'heure si je désirais quelque chose, je vas vous dire, père Maurice, en quoi vous pouvez m'obliger.

- Em boa hora! Exclamou a mãe Maurício; este pobre rapaz! Deus queira que ele traga uma mulher tão boa e tão corajosa como ele!

- Ah! Ele vai a Fourche? Observou a Guillette. Veja como isto acontece! Isto convém-me, e uma vez que vós me perguntastes se eu desejava alguma coisa, vou dizer-vos, pai Maurício, em que vós podeis fazer-me um favor.

— Dites, dites, vous obliger, nous le voulons.
— Je voudrais que Germain prît la peine d'emmener ma fille avec lui.
— Où donc? à Fourche?
— Non pas à Fourche; mais aux Ormeaux, où elle va demeurer le reste de l'année.
— Comment! dit la mère Maurice, vous vous séparez de votre fille?

- Diga, diga, fazer-vos um favor, nós queremo-lo.
-Eu queria que Germano tomasse o incómodo de levar a minha filha com ele.
- Onde pois? A Fourche?
- Não a Fourche, mas a Ormeaux, onde ela vai permanecer o resto do ano.
- Como? Diz a mãe Maurício, vós ides separar-vos da vossa filha?

— Il faut bien qu'elle entre en condition et qu'elle gagne quelque chose. Ça me fait assez de peine et à elle aussi, la pauvre âme! Nous n'avons pas pu nous décider à nous quitter à l'époque de la Saint-Jean; mais voilà que la Saint-Martin arrive, et qu'elle trouve une bonne place de bergère dans les
fermes des Ormeaux. Le fermier passait l'autre jour par ici en revenant de la foire.

- É preciso muito que ela entre em condição e ganhe qualquer coisa. Isto faz-me muita pena e a ela também, a pobre alma! Não fomos capazes de nos decidirmos abandonar uma a outra  pelo S.João, mas eis que chega o S.Martinho e que ela encontrou um bom lugar de pastora nas quintas de Ormeaux. O quinteiro passava outro dia por aqui, ao voltar da feira.

Il vit ma petite Marie qui gardait ses trois moutons sur le communal. "Vous n'êtes guère occupée, ma petite fille, qu'il lui dit; et trois moutons pour une pastoure, ce n'est guère. Voulez-vous en garder cent? je vous emmène. La bergère de chez nous est tombée malade, elle retourne chez ses parents, et si vous voulez être chez nous avant huit jours, vous aurez cinquante francs pour le reste de l'année jusqu'à la Saint-Jean."

Ele viu a minha pequena Maria que guardava os seus três carneiros no terreno comunal. “Vós não estais nada ocupada, minha pequena menina, foi o que ele lhe disse; e três carneiros para uma pastora, não é nada. Quereis guardar cem? Eu levo-vos. A pastora da nossa casa ficou doente, voltou à casa dos seus pais, e se vós quereis estar na nossa casa daqui a oito dias, vós tereis cinquenta francos para o resto do ano até ao S. João”.
  
L'enfant a refusé, mais elle n'a pu se défendre d'y songer et de me le dire lorsqu'en rentrant le soir elle m'a vue triste et embarrassée de passer l'hiver, qui va être rude et long, puisqu'on a vu, cette année, les grues et les oies sauvages traverser les airs un grand mois plus tôt que de coutume. Nous avons pleuré toutes deux; mais enfin le courage est venu. Nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas rester ensemble, puisqu'il y a à peine de quoi faire vivre une seule personne sur notre lopin de terre; et puisque Marie est en âge (la voilà qui prend seize ans), il faut bien qu'elle fasse comme les autres, qu'elle gagne son pain et qu'elle aide sa pauvre mère.

A criança recusou, mas ela não pôde evitar de reflectir sobre o assunto e de mo dizer logo que ao entrar à noite ela viu-me triste e embaraçada de passar o inverno, que vai ser rude e longo, pois que este ano vimos os grous e o gansos selvagens a atravessar os ares um mês bem mais cedo do que o costume. Nós chorámos todas as duas; mas, enfim, a coragem chegou. Nós dissemos que não podíamos ficar juntas, uma vez que é difícil uma pessoa viver num pequeno pedaço de terra; e uma vez que Maria está em idade (ei-la que vai fazer 16 anos), é bom que faça como as outras, que ganhe o pão e que ajude a sua pobre mãe.

— Mère Guillette, dit le vieux laboureur, s'il ne fallait que cinquante francs pour vous consoler de vos peines et vous dispenser d'envoyer votre enfant au loin, vrai, je vous les ferais trouver, quoique cinquante francs pour des gens comme nous ça commence à peser. Mais en toutes choses il faut consulter la raison autant que l'amitié. Pour être sauvée de la misère de cet hiver, vous ne le serez pas de la misère à venir, et plus votre fille tardera à prendre un parti, plus elle et vous aurez de peine à vous quitter. La petite Marie se fait grande et forte, et elle n'a pas de quoi s'occuper chez vous. Elle pourrait y prendre l'habitude de la fainéantise…

- Mãe Guillette, disse o velho agricultor, se não lhe falta mais que cinquenta francos para satisfazer as vossas necessidades e dispensar de enviar a vossa criança para longe, eu farei trazer-vo-los com certeza, ainda que cinquenta francos para pessoas como nós comesse a pesar. Mas de qualquer modo, é preciso consultar tanto a razão como a amizade. Para vós serdes salva da miséria deste inverno, vós não o sereis da miséria que está para vir depois, e além disso a vossa filha não tardará em tomar um partido, por mais que vós tendes pena de separar-vos. A pequena Maria faz-se grande e forte, e ela não tem com que se ocupar na vossa casa. Ela poderia aí ganhar o hábito da preguiça.

— Oh! pour cela, je ne le crains pas, dit la Guillette. Marie est courageuse autant que fille riche et à la tête d'un gros travail puisse l'être. Elle ne reste pas un instant les bras croisés, et quand nous n'avons pas d'ouvrage elle nettoie et frotte nos pauvres meubles qu'elle rend clairs comme des miroirs. C'est une enfant qui vaut son pesant d'or, et j'aurais bien mieux aimé qu'elle entrât chez vous comme bergère que d'aller si loin chez des gens que je ne connais pas. Vous l'auriez prise à la Saint-Jean, si nous avions su nous décider; mais à présent vous avez loué tout votre monde, et ce n'est qu'à la Saint-Jean de l'autre année que nous pourrons y songer

- Oh! Por isso, não o creio, disse Guillette. Maria é tão corajosa como muito boa filha e pudesse ela estar à cabeça de um importante trabalho. Ela não fica um instante de braços cruzados, e quando não temos trabalho ela limpa e encera os móveis que torna claros como os espelhos. É uma criança que vale o seu peso em ouro, e eu teria gostado mais que ela entrasse na vossa casa como pastora do que ir para tão longe, para casa de pessoas que eu não conheço. Vós tê-la-íeis aceite no São João, se nós tivéssemos sabido decidir-nos; mas agora vós haveis contratado toda a gente, e por isso apenas para o S. João do outro ano poderemos pensar nisso.

— Eh! j'y consens de tout mon cœur, Guillette! Cela me fera plaisir. Mais en attendant, elle fera bien d'apprendre un état et de s'habituer à servir les autres.

— Oui, sans doute; le sort en est jeté. Le fermier des Ormeaux l'a fait demander ce matin; nous avons dit oui, et il faut qu'elle parte. Mais la pauvre enfant ne sait pas le chemin, et je n'aimerais pas à l'envoyer si loin toute seule. Puisque votre gendre va à Fourche demain, il peut bien l'emmener. Il paraît que c'est tout à côté du domaine où elle va, à ce qu'on m'a dit; car je n'ai jamais fait ce voyage-là.

Ei! Eu consinto isso de todo o meu coração, Guillete! Isto far-me-á prazer. Mas entretanto ela fará bem em aprender algo e habituar-se a servir os outros.

- Sim, sem dúvida; a sorte está tirada. O quinteiro de Ormeaux perguntou por ela esta manhã; nós dissemos sim, e é preciso que ela parta. Mas a pobre criança não sabe o caminho, e eu não gostaria de a enviar tão longe completamente só. Uma vez que o vosso genro vai a Fourche amanhã, ele pode bem levá-la. Parece que fica mesmo ao lado da propriedade onde ele vai, pelo que se diz; porque eu nunca fiz esta viagem até lá.

— C'est tout à côté, et mon gendre la conduira. Cela se doit; il pourra même la prendre en croupe sur la jument, ce qui ménagera ses souliers. Le voilà qui rentre pour souper. Dis-moi, Germain, la petite Marie à la mère Guillette s'en va bergère aux Ormeaux. Tu la conduiras sur ton cheval, n'est-ce pas?

- É mesmo ao lado, e o meu genro encaminhá-la-á. Isto é devido; ele poderá mesmo levá-la na garupa da égua, o que poupará os seus sapatos. Diz-me, Germano, a Mariazinha da mãe Guillette vai tornar-se pastora em Ormeaux. Tu vais levá-la no teu cavalo, não vais?

— C'est bien, répondit Germain qui était soucieux, mais toujours disposé à rendre service à son prochain.
Dans notre monde à nous, pareille chose ne viendrait pas à la pensée d'une mère, de confier une fille de seize ans à un homme de vingt-huit; car Germain n'avait réellement que vingt-huit ans; et quoique, selon les idées de son pays, il passât pour vieux au point de vue du mariage, il était encore le plus bel homme de l'endroit. Le travail ne l'avait pas creusé et flétri comme la plupart des paysans qui ont dix années de labourage sur la tête.

- Está bem, respondeu Germano que estava pensativo, mas sempre disposto a prestar serviço ao seu próximo.
No nosso mundo muito nosso, coisa semelhante não viria ao pensamento de uma mãe, tal como confiar uma filha de dezasseis anos a um homem de vinte e oito; porque Germano não tinha realmente mais do que vinte e oito anos; e ainda que, conforme as ideias do país, ele passasse por velho sob o ponto de vista do casamento, ele era ainda o mais belo homem do lugar. O trabalho não o tinha enrugado e envelhecido como a maior parte dos camponeses que têm dez anos de labor sobre o seu corpo.

Il était de force à labourer encore dix ans sans paraître vieux, et il eût fallu que le préjugé de l'âge fût bien fort sur l'esprit d'une jeune fille pour l'empêcher de voir que Germain avait le teint frais, l'œil vif et bleu comme le ciel de mai, la bouche rose, des dents superbes, le corps élégant et souple comme celui d'un jeune cheval qui n'a pas encore quitté le pré.

Ele tinha forçosamente de laborar ainda dez anos sem parecer velho, e seria preciso que o preconceito da idade fosse bem forte no espírito de uma jovem rapariga para a impedir de ver que Germano tinha a tez fresca, o olho vivo e azul como o céu de Maio, a boca rosada, os dentes soberbos, o corpo elegante e flexível como o de um cavalo que ainda não largou o prado.

Mais la chasteté des mœurs est une tradition sacrée dans certaines campagnes éloignées du mouvement corrompu des grandes villes, et, entre toutes les familles de Belair, la famille de Maurice était réputée honnête et servant la vérité.

Mas a castidade dos costumes é uma tradição sagrada em certos campos afastados do movimento corrompido das grandes cidades, e entre todas as famílias de Belair, a família Maurício era reputada de honesta e serva da verdade.

Germain s'en allait chercher femme; Marie était une enfant trop jeune et trop pauvre pour qu'il y songeât dans cette vue, et, à moins d'être un sans cœur et un mauvais homme, il était impossible qu'il eût une coupable pensée auprès d'elle.

Germano ia procurar mulher; Maria era uma criança muito jovem e muito pobre para que ele sonhasse neste aspecto, e a menos que fosse um sem coração e um mau homem, seria impossível que ele tivesse um pensamento censurável em relação a ela.

Le père Maurice ne fut donc nullement inquiet de lui voir prendre en croupe cette jolie fille; la Guillette eût cru lui faire injure si elle lui eût recommandé de la respecter comme sa sœur; Marie monta sur la jument en pleurant, après avoir vingt fois embrassé sa mère et ses jeunes amies. Germain, qui était triste pour son compte, compatissait d'autant plus à son chagrin, et s'en alla d'un air sérieux, tandis que les gens du voisinage disaient adieu de la main à la pauvre Marie sans songer à mal.

O pai Maurício não ficou pois nada inquieto de o ver tomar na garupa esta bonita rapariga; a Guillette creu que lhe faria uma ofensa se lhe tivesse recomendado para a respeitar como sua irmã; Maria montou sobre a égua chorando, depois de ter abraçado a sua mãe vinte vezes e os seus jovens amigos. Germano, que estava triste por seu lado, partilhava ainda mais a sua mágoa, e lá foi com um ar sério, enquanto a vizinhança dizia adeus com a mão à pobre Maria sem pensar mal.


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